La France a un réseau de lignes de train à grandes vitesse (LGV, l'infrastructure sur laquelle les TGV roulent) relativement développé. Relativement, car nos voisins espagnols, et c'est méconnu, en ont davantage. Le champion du monde, c'est la Chine, et de très loin : elle a construit plus de LGV que l'ensemble du monde, en un temps record.
Aujourd'hui, les LGV permettent de relier Paris à l'essentiel des régions de France, avec quelques exceptions : Toulouse, Nice, Brest, entre autres.
En effet, bien que Brest soit relié à Paris via des TGV, ils ne roulent pas sur une LGV de Brest à Rennes : ainsi les trains sont limités à une vitesse comprise entre 100 et 200 km/h, en fonction de la qualité du segment parcouru.
La LGV Bordeaux Toulouse est sur les rails, mais il reste donc beaucoup de territoire à couvrir, surtout si l'on veut éviter l'effet étoile de Paris.
En réalité, le centre du rail français, le hub principal, aurait davantage sa place bien plus au sud de Paris, à Bourges. Bourges et Vierzon sont en effet les dernières villes avant le grand massif central, dont la topologie complexifie la construction de LGV : il faut mettre des tunnels coûteux partout. C'est d'ailleurs bien pour ça que Nice n'est pas reliée à Marseille en LGV. En tout cas, c'est la deuxième raison après le manque cruel de volonté politique.
À titre d'exemple, il parait fou de se dire que la diagonale ouest-sud-ouest française, de Brest à Toulouse, forte de 10 millions d'habitants et d'un mouvement de population massif ces dernières decennies, soit totalement dénuée de LGV.
Relier toutes les régions de France entre elles via la LGV, c'est un investissement important à moyen-terme, mais qui permettrait d'aider grandement à décarboner les trajets longue distance en France et en Europe : de Paris à Lyon, l'empreinte climat d'un trajet en TGV est de 2 kgCO2e pour environ 400 km. Il suffit de parcourir 10 km en voiture thermique pour exploser ce chiffre ! La différence est colossale.
Relier toutes les régions de France en LGV ne veut absolument pas dire abandonner les trains moins rapides (TER, Intercités) ni les trains de nuits ! Au contraire : par exemple en coeur Bretagne, il n'y aura jamais de LGV, mais des lignes de train de proximité sont nécessaires. De même, même s'il était possible de relier Brest et Nice en LGV, il est évident pour des raisons de temps de trajet qu'un train de nuit a également sa place, reliant au passage Rennes à Nice et Brest à Marseille en une nuit plutôt que 6h de TGV de jour.
L'argument consistant à prétendre que l'argent du train va intégralement dans le TGV est faux : l'opération de ce dernier est rentable, non subventionné; à l'inverse les TER sont lourdement subventionnés par les régions. L'argent qui manque pour les LGV et les petites lignes, il se trouve dans le système voiture, qui consomme aujourd'hui 80 % de l'argent des services de transport en France.